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On va parler de l’État, de la police, de l’ordre social et du confinement. Mais pour commencer, voici deux blagues qui circulaient il y a un siècle dans l’internationale communiste, après l’échec de la révolution en Allemagne.
– Vous savez pourquoi la Révolution a échoué?
  – Non, pourquoi ?– Parce que pour prendre le parlement, il fallait passer par le jardin et la pelouse était interdite.

Et aussi :

« Une partie des révolutionnaires sont arrivés en retard sur les barricades : ils n’avaient pas de monnaie pour payer le tram et ils ont dû venir à pied. »

Vous l’aurez compris, ces blagues se basent sur le fossé entre la révolution qui renverse l’ordre social et le respect de ce même ordre dans nos têtes.
C’est un peu la même chose que lorsque dans une manifestation on entend « tout le monde déteste le confinement ». Le problème, ce n’est pas le confinement. C’est l’État. N’importe qui ayant fait l’expérience d’une maladie contagieuse, disons une gastro, le sait : se confiner pour éviter de refiler sa maladie est une pratique courante qui ne date pas du covid.
Mais ici, depuis le début, l’Etat nous traite comme des gosses ou plutôt comme des irresponsables. Et bien sûr, quand on nous traite de la sorte, on réagit en jouant au con.
Durant le premier confinement, on l’avait déjà mauvaise. Mais on avait l’impression 1. de l’urgence et 2. que l’économie aussi morflait, que les sacrifices étaient, un peu, partagés.
Ce deuxième confinement passe beaucoup plus mal car l’économie tourne, le profit rentre dans les caisses des capitalistes. Et alors qu’on n’a même plus le droit d’aller au parc public sans risquer de se faire emmerder, l’État continue de faire des économies à l’hopital, qui – tout le monde le sait – fonctionne comme une usine à flux tendu.
On se sent impuissant, dans l’attente, ce qui est porteur d’angoisse, surtout si on ajoute l’isolement. Voilà où nous en sommes. Alors, deux perspectives sont devant nous.
D’un côté on peut s’attendre à la montée en puissance des fantasmes de conspirations. C’est logique, surtout quand on se sent impuissant, de chercher à comprendre ce qui nous arrive. Et – comme toujours avec le capitalisme – des gens sont là pour se faire un billet en vendant des marchandises censées répondre à nos besoins. Alors ces dernières années et encore plus avec le confinement, des blogs, des plateformes, des films, sont apparus. Ils nous fournissent en théories explicatives, en général qui disent que nos problèmes proviennent d’un plan, d’un complot. Ces théories ont quelques traits communs qui les rendent distinguables des analyses des révolutionnaires, dont au moins deux sont toujours là :

  • 1.  Il n’est jamais question d’en finir avec l’argent, de construire une société débarassée du profit.
  • 2.  L’histoire est réduite à l’action de groupes de gens puissants. Les prolos sont présentés comme incapables d’agir par eux-mêmes.

Ce genre de site, film, etc. a aussi en commun de monétiser ses vidéos, espaces de pub et cie. Ils diront que c’est « militant ». Nous pensons pour notre part qu’un révolutionnaire ne doit pas faire d’argent pour lui-même avec la politique, pas en profiter pour se créer un emploi, ou ce n’est plus un révolutionnaire mais un marchand de révolution.
Pourtant, il existe aussi une possibilité de sortie de l’impuissance : c’est ce qu’on a vécu à l’époque des gilets jaunes. Se retrouver ensemble dans la rue. Agir, lutter, exercer ensemble notre force collective, voilà la seule perspective qui vaille pour nous. Et qu’est ce que ça fait du bien ! Les Etats, eux, s’y préparent déjà. Ils instaurent des lois répressives qui sont des préparatifs pour les prochains affrontements…
Un nouvel assaut contre l’ordre social, c’est tout ce que ce journal cherche à défendre, à appuyer. Quand aura-t-il lieu ? Qu’est ce qui mettra le feu aux poudres ? On n’en sait rien.
Mais on sait une chose. Nous sommes forts, nous sommes intelligents quand nous nous retrouvons dans la lutte.