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« En cette fin janvier 2023, 3 millions de prolétaires ont défilé en ordre de bataille dans les villes de France contre une nouvelle réforme des retraites. Cette réforme est le symbole éphémère d’une entreprise de démolition en règle des travailleuses et des travailleurs, entreprise qu’on appelle capitalisme. C’est notre lot quotidien certes, mais quand l’occasion se présente, au hasard d’une sortie arrogante d’un politicien, d’une réforme législative qui nous promet l’enfer ou encore d’un coup de massue patronal, il faut savoir la saisir au bond. L’envie est assurément là, après des années de menaces virales ou guerrières qui ont refroidi les plus belles promesses du moment jaune.
3 millions de prolétaires.

Mais pour quoi faire ?
Est-il nécessaire de rappeler le nombre de journées de mobilisation en 2010, contre une même réforme des retraites, pour souligner le fait qu’aucun défilé n’entrave la marche de l’exploitation ? La réussite des directions syndicales correspond rarement à notre propre compréhension de ce qu’est une victoire. 8 miettes, 3 régimes spéciaux maintenus (en plus de ceux des keufs, des bidasses, des députés etc.), deux critères de pénibilité réhabilités et HOP !, « le gouvernement, face à la détermination du blablabla, a reculé et nous saluons l’effort de blablabla ». Et tout le monde rentrera chez soi, avec pour la plupart de ce tout le monde, deux années de plus à tirer pour un patron ou l’État. Et dans les franges majoritaires les moins vieilles, les moins stables, l’assurance des 43 annuités inatteignables et l’horizon d’une fin de vie minimale.

Sauf si ça ne nous le fait pas.

Parce que 3 millions de prolétaires … Ça doit nous faire réfléchir.
Déjà, à la vie qu’on ne veut pas. À la mort misérable qu’ils nous promettent. Et peut-être surtout à l’existence qu’on veut et aux moyens nécessaires pour y parvenir. Depuis quand peut-on a minima contraindre les puissants sans toucher à ce qui fait leur puissance ? Pour changer la tendance, la première action, c’est de se permettre de faire quelque chose, réflexe qui aujourd’hui semble limité. Chez soi, dans nos rues, dans nos boites, tout seul, à plusieurs. Faire confiance à celles et ceux autour de nous pour construire une lutte qui tient, qui existe.
La grève est une arme couteuse pour nos vies quotidiennes, mais essentielle et redoutable. Elle nous donne du temps et leur fait perdre de l’argent. Le temps que l’on prend doit être utilisé pour décupler nos forces. Pas simplement dans un long pèlerinage d’une place à l’autre. On doit leur faire perdre beaucoup plus d’argent. Faire des blocages économiques, apprendre à se connaitre, partager nos astuces, se rencontrer, avec ou sans emplois. Et nous défendre face à ce monde, qui veut nous contraindre, par la police et l’argent, à rendre l’âme aussitôt le labeur accompli.

Qui s’y voit ? Franchement ?

Perdre sa vie à la gagner, aujourd’hui ce n’est pas un slogan, c’est un résumé.

Faisons mieux.

Perdons nos mauvaises habitudes. »

Un salarié trop jeune pour l’espoir