Print Friendly, PDF & Email

Pour rappel, (cf Seum 2 , Seum 3 et Seum 6)fin 2019 le Chili connaissait un des plus important soulèvement de son histoire récente. Pendant la révolte, un jeune député, Gabriel Boric, incarne le moyen de canaliser la colère vers l’idée d’une nouvelle constitution, la dernière datant du dictateur Pinochet.

Fin 2020, l’idée est entérinée par un référendum et s’en suivent les élections présidentielles. Boric qui s’était déjà servit du mouvement étudiant de 2011 comme marche-pied pour devenir député, se sert cette fois de la révolte de 2019-2020 pour devenir président de la république.
Mais n’en déplaise aux scribouillards de constitution, on ne sort pas du règne de l’économie et de l’exploitation généralisée par quelques lignes sur une feuille.
Et nombre de chiliens ne s’y sont pas trompés, même participation que d’habitude, 50 % des inscrits. Boric et son projet de constituante a donc été élu sans enthousiasme.
La constituante prend la forme d’« une convention » où certains citoyens et les partis sont conviés à écrire ensemble les règles qui ne changeront rien. Mais le processus constituant à de quoi faire briller les yeux de nos gauchistes nationaux : parité, large part aux questions féministes et indigènes, décentralisation, création d’un parlement des régions, etc. Pendant ce déploiement d’ingénierie démocratique « pour une transition sereine », la population s’impatiente face à la hausse des prix.
Ainsi, l’approbation de la constituante décline. Mais pour Boric, valider cette constitution est crucial. Sa légitimité comme président en dépend. Et puisqu’il ne peut pas promettre grand-chose au mouvement, il cherche plutôt à « se recentrer » c’est à dire rassurer la bourgeoisie sur sa capacité à gouverner de manière totalement inoffensive pour les intérêts du capital…
Pendant ce temps-là, après la crise covid, c’est l’inflation galopante. Le mouvement connaît un regain à l’occasion du 1er mai, notamment à Santiago. 3 personnes seront blessées par balles par des milices non officielles qui ont attaqués la manif. À la mort d’une jeune journaliste qui faisait partie des blessés, des manifestations ont de nouveaux lieu. La rue demande la démission du directeur des « carabineros », le pouvoir fait la sourde oreille. L’armée est à nouveau déployée sur les territoires revendiqués par les Mapuches.
Et enfin, Boric revient sur sa promesse de promulguer l’amnistie générale des prisonniers du soulèvement de 2019-2020 : « On ne peut pas gracier une personne qui a brûlé une église ou une petite ou moyenne entreprise, ou qui a pillé un supermarché », déclare-t-il. On conclura donc par une parole de Dalida « des mots faciles, des mots fragiles, c’était trop beau… »
Bref toujours pas la best life.