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Les étudiants ont le SEUM. Leurs 9 mètres carrés de chambre en cité U sont devenus une véritable prison où ils sont tenus en laisse derrière un ordinateur toute la journée pour ensuite se retrouver sous couvre-feu. En galère de thunes, beaucoup ne trouvent pas de quoi se nourrir correctement. Certains sont rentrés chez leurs parents qu’ils avaient enfin quittés, car il devenait impossible de payer un loyer. En plus de cela, la charge de travail a largement augmenté avec le passage au numérique, ne serait-ce qu’avec les dizaines et dizaines de mail par jour qu’ils reçoivent. Les étudiants sont plus que jamais maltraités par l’université. L’isolement de chacun renforce la situation de concurrence en vue de la sélection pour les master. L’absence de cadre collectif et de temps informel atomise chacun dans la fuite en avant mortifère des télé-travail/télé-étude/télé-médecine/télé-apéro, etc, où chacun se retrouve seul face à un instrument technologique qui finit par lui sortir par les yeux.

Alors, oui, les étudiants ont le SEUM.

Ce à quoi le gouvernement répond en leur proposant des chèques psy (à raison de trois séances, de préférence en télé-consultation). Le message est clair : ce SEUM n’est pas une question collective. Si tu souffres de l’isolement, c’est que t’as pas les épaules pour le télé-monde de demain, vas te faire réparer. Mais ce discours qui isole les étudiants dans leurs situations singulières parvient mal à masquer la condition collective qui produit ces malaises dans le capitalisme, que les mesures contre le covid-19 ne font qu’exacerber : la réduction de la vie au travail (ou à sa recherche), la radicalisation technologique de l’exploitation, l’isolement, la compétition permanente, la galère pour se loger, se nourrir, etc.

Les étudiants ne sont pas seuls… à avoir le SEUM ! Et ce ne ne sont pas trois chèques psy qui vont l’apaiser !