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L’État a commandé des centaines de drones, il met en place la reconnaissance faciale généralisée, déclare illégale toute position non « républicaine » … Mais on nous dit que les images permettront de dénoncer les violences policières et de faire condamner des policiers violents !
Pour nous protéger de la violence de la police, désolé de l’annoncer, mais les caméras ne suffiront jamais… à partir du moment où nous gênons l’État. Et si on ne gêne personne, ne prétendons pas lutter : ça s’appelle une mauvaise comédie. Alors, on gêne. On fait chier, on occupe l’espace public, voire plus… Et on se fait réprimer.
Et ce sont les manifestants qui sont massivement condamnés du fait des images prises en manifestation (lors d’affrontements avec la police, des destructions, des confections de barricades, etc.).
Que ce soit par la police, les caméras de surveillances, les manifestants eux-mêmes ou les journalistes, la prise de vue en manif est dangereuse pour les manifestants, car les images servent de preuve dans le cadre de procès. Et pas seulement des affrontements ! Les flics utilisent les vidéos des moments “calmes” pour ficher, inventorier les tenues des manifestants, et les comparer aux images des moments où des choses “illégales” sont faites. Et là, les chaussures, le sac à dos, tout est listé et répertorié, et sert de preuve lors des procès. Ainsi, de trop nombreux camarades ont été condamnés car ils avaient pu être “tracés” tout le long de la manif. Les flics ont même pu les suivre sur plusieurs manifs, faisant ainsi l’inventaire de ce qu’ils pouvaient leur mettre sur le dos… Là encore c’est en partie grâce aux prises de vue depuis le milieu du cortège et à courte distance.
Pour autant, écrire des récits, donner des informations sur les luttes, manifs aux quatre coins du monde etc., ça nous plaît ! Mais cela n’a rien à voir avec la production d’images pour engranger des likes sur facebook, entre deux photos de chatons. Alors le couplet sur la liberté de la presse, épargnez-le nous : si vous voulez ces images, c’est pour que ça buzze sur les réseaux, pas juste pour informer.
Nous disons donc aux journalistes, pro ou amateurs, qu’ils rangent leurs appareils photos et leurs caméras dans les manifestations. Ou s’ils continuent, qu’ils ne fassent pas semblant d’être neutres : s’ils participent au travail de filature, ils sont des auxiliaires de police.